mardi 5 août 2014

De conférence en livre d'artiste

ou immense succès pour le duo Nicolas/Tallagrand...

Voir un récit illustré de cette très riche soirée sur le site des Rias (portail site communal de Saint-Apollinaire-de-Rias

Beau succès associatif aussi et pour tous ceux qui ont assuré un  travail de bénévoles de services publics en EPN et Bibliothèque...

Où l'apport des résidences d'artistes - et scientifiques - comme ici donc Didier Tallagrand et Jean Nicolas - apport relevant nécessairement d'un cadre associatif, féconde les activités de services publics, notamment les formations au travers des divers ateliers ou aides à la rédaction et/ou à la publication...

Où en retour ces activités en services publics municipaux permettent d'enrichir et diffuser l'apport des résidences, d'en développer l'appréhension, et d'en faire plus et mieux  bénéficier un maximum de personnes... Où se torsadent démarche culturelle descendante à la Malraux et  démarche ascendante type écomusée. Un tressage qui avec l'interrogation des marges chères à Ardoino, est indispensable à la progression des connaissances et au dépassement de quelques obstacles épistémologiques.

Des retombées déjà du travail effectué dans le cadre de "Mémoires de clandestinités" - relations enrichies, approfondies, complémentarités entre les apports des uns et des autres, liens nouveaux ainsi créés à partir d'échanges pragmatiques - avec aussi le travail de terrain de Delphine Forestier, doctorante en "art et sciences de la communication"...

Autres retombées de la présentation  à deux voix et  voies  de " Rébellions & révoltes en Vivarais sous l'Ancien Régime", un beau livret (1)- au sens de "livret d'opéra", avec le texte certes, mais aussi toutes les questions que posent ces images/oeuvres d'art polysémiques - questions empêchant toute lecture univoque, réductrice et fermée du très beau texte de Jean Nicolas.

Jean Nicolas, militant de la liberté de pensée et de l'abolition des privilèges...
Une oeuvre connue...

Didier Tallagrand explorateur/perturbateur des complexités et bifurcations, créateur d'étranges systèmes, mobiles, en infinie structuration d'un composite ouvert, agité de sombres vibrances qu'endigue parfois un design rectiligne... Où l'image explose en sourdine et démultiplie le tabulaire (2) de la poésie comme nus de Duchamp descendant escaliers  et échappant au piège d'Escher...
Une "écriture" plastique de Tallagrand dont la complexité, tout en la dépassant,  englobe celle d'écritures numériques articulant le complexe et le composite...

Et des choix de travaux d'"élèves" ou d'artistes à exposer, s'inscrivant en préoccupations proches  et semblant viser une approche kaléidoscopique de la complexité de l'art contemporain, comme avec ce "Darwin" de    Jean-Pierre Bertrand exposé  à Angle-Art contemporain jusqu'à la fin août.. Mise en scène, texte explicatif, nécessité du temps d'appréhension, de regard ultérieur de ses propres photos et réécoutes de ses enregistrements sonores, documents personnels nécessaires à l'entrée dans l'oeuvre...
Bertrand ? Installation pour Angle  à partir d’une œuvre vidéo. Où le "pour Angle"relance la réflexion sur un espace initial transformé en boîte à images sonores qui emplissent la galerie devenue parc de la ville de Darwin, en Australie. Déconstruction donc, mutations, mais reconstruction en autre lieu identifié de prime abord par le visiteur à la galerie, avec ses étages et recoins, ce  au gré de sa propre déambulation plus ou moins rythmée ou dé-connectée par  concomitances ou décalages d'images et de sons.
Où l'attente d'une visite plus ou moins  touristique ou documentaire, induite par les 1ères images,  est progressivement interrogée,  mitée, remplacée par une lente et hésitante reconstruction personnelle, fonction/fiction des matériaux et algorithmes de l'auteur et de références propres... comme l'absence/présence tenace de ces racines sartriennes de la Nausée avançant en jardin public quand grésille au loin une profonde voix  de jazz... A chacun ses références...

Pas comme lignée Sartre/Genêt/ Beckett/Ionesco/Arrabal ?


Où ce n'est plus tant l'absurde qui est absurde...
Comme déformation pour mieux voir le moins évident et pourtant là...
                              Comme lunettes particulières de réalité augmentée ?
Qui ne formateraient mais au contraire, donneraient grain à moudre à la connaissance ?
               Sorties d'étranges algorithmes alchimiques d'étranges imprimante 3D ou + ?
   Ou quelle rationalité timide comme noirs de Soulage dans ces déconstructions/reconstructions ?
A quand les mises en mots pour tous de ce qui fraye la voie d'imperceptibles avancées artistiques ?
Le lâcher d'une simple bifurcation, comme anodine, en jardin de Geneviève ? 


Bertrand en Angle...










Plus facile de dire en  parlant d'un autre artiste...
Mais au fait, pourtant, "l'île aux faisans" ? Fantasmagorie ?  et "Quand le bleu de la mer..." 
Là où l'absurdité d'un impossible voyage se fait machine à remonter le temps...Comme pour à la fois dire sinon prédire  et exorciser au travers d'étranges cartographies ?

A rapprocher d'autres cartographies, comme celle de ces 21 lits médicalisés de Jean-Michel Bruyère/Leks, "le chemin de Damastés", "mortiferum uniformitatem" en exposition "art robotique", à la Cité des sciences, à La Villette... Ses lentes et puissantes vagues soulevant lits et oreillers, cette extraordinaire bande sonore...  Par delà la référence à une antique uniformisation des corps, un composé de sens en treillis serré interrogeant l'automatisation, la standardisation, mais aussi la médicalisation du vieillissement, la frontière entre vivant et artificiel, contenant et contenu... Art robotique ? Utilisation de la robotique comme outil d'investigation artistique, comme la terre, et sa cuisson, la gravure, les mobiles et stabiles, la vidéo... Remarquable!

Aide à la complexification du regard, outils, oeuvres-synthèses/têtes-chercheuses qu'offre un numérique au service  d'investigations artistiques maîtrisées surfant aux sutures des sciences et techniques et de l'art...


De Tallagrand à Jean Nicolas, autres disciplines, autres démarches - du moins en apparence, mais  inquiétudes sur avenir - complémentaires et convergentes, résistantes, généreuses, volontaires, savantes et exigeantes... Exigentes notamment quant à la recherche - artistique et scientifique, et aux formations, à des formations non formatantes mais ouvrantes et créatrices...

Beaucoup de ces fleurs-syllabes de résistances à faire éclore pour que se développent des mouvements populaires  inédits susceptibles à la fois de transformer le social et la vie de chacun et celle de la planète, sans trop attendre d'une lointaine, problématique et douteuse colonisation cosmique...

                                                                                                                                                 J.Cimaz.

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1. Un beau livret, oeuvre d'art diffusée - comme les belles cartes de l'an passé - contre une contribution aux frais ne  correspondant au tiers de ceux-ci...
2. Où "tabulaire" renvoie à "tableau". Lecture de la poésie comme lecture d'un tableau où une dimension serait celle du texte dans sa grammaticalité (axe syntagmatique) et l'autre, présentée comme celle de multiples verticales formant, pour chaque mot ou expression, l'axe des connotations c'est-à-dire des multiples sens évoqués (axe paradigmatique)... Les figures réthoriques peuvent brouiller les pistes, comme l'hypallage. Cf  la célèbre comptine "une souris verte qui courait dans l'herbe..." où il y a déplacement du qualificatif "verte" d'herbe à souris  ou "les poches heureuses" des "Quatre chemins" de Jean-Pascal Dubost. Un déplacement qui respecte la forme syntaxique mais déconstruit les lignées paradigmatiques ... Comme sérendipité au forceps... Ou le pouvoir de la poésie...




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