samedi 20 décembre 2014

Demain c'est loin… ou l'interview explicatif de Pablo Garcia...



Pouvez-vous nous nous  expliquer la genèse de cette idée de panneau routier dans le cadre du projet Mémoires de clandestinités ?

Cette idée de panneau routier me trotte dans la tête depuis de nombreuses années… Ma 1ère idée avait été de poser un panneau de type « élément remarquable » (panneau marron) au bord de l’autoroute A9 au niveau de Bram dans l’Aude pour signaler le site de l’ancien camp d’internement pour les Espagnols lors de la Retirada. Une idée qui n’a jamais été suivie de réalisation.  Mais l’envie d’utiliser ce médium est restée !

Et le texte du panneau ?

Dans mon travail, j’utilise régulièrement la citation  de références  textuelles  ou musicales. En parcourant le territoire de Saint-Apollinaire-de-Rias  et au regard des rencontres  préparatoires au projet Mémoires de Clandestinités,  j’ai voulu réactiver cette idée de panneau routier.
Pendant mes divers trajets – pour venir ici et y  découvrir  le territoire, j’ai beaucoup réécouté la chanson « Demain c’est loin » du groupe IAM. Sa résonnance politique est toujours actuelle et les témoignages que j’avais entendus  m’évoquaient  fortement  une possibilité de résistance contemporaine….
Mise à part la transmission familiale, mes premières prises de conscience politiques (au sens premier de la chose publique) se sont aussi forgées  au travers de  l’écoute du début du Rap  français à la fin des années 90 (« Assassin », « NTM», « La Rumeur »…)






J’ai voulu mettre en avant cette citation « Demain c’est loin », à la fois comme une forte référence personnelle et pour toute l’ambiguïté qu’elle peut comporter.
A première vue on peut interpréter ce texte de manière pessimiste et littérale. Pour ma part, il me semble plus intéressant  de le voir comme une ouverture vers un futur plus heureux même s’il est lointain, comme celui du « Temps des cerises ».
Je pourrais préciser cette double résonance, à mon sens, de l’idée de survie — demain c’est loin et il faut bien y arriver — et de l’idée de « carpe diem » — parce que c’est loin, autant ne pas avoir de regrets aujourd’hui…

Peut-on vivre et agir sans utopie ?

Je laisserai chacun répondre à cette question et construire ses propres utopies…

Et la flèche ?

Même si elle pointe en haut à droite et vers le ciel, il n’y a pas de référence religieuse mais plutôt un renvoi à la nature et aux grands arbres qui entourent le panneau.  La forêt est à mon sens indissociable de l’idée de résistance  (cf le maquis), de l’idée de cache (cf Robin des bois) et de possibilités de construction d’utopies  et d’expérimentations sociales loin d’une folie consumériste, comme au travers  des zones autonomes temporaires (cf Hakim Bey)…